Lady Franklin est une aristocrate conduite vers la dépression par la mort de son mari. De retour à la vie après un séjour en maison de repos, elle fait la connaissance de Ledbetter, chauffeur de maître qui, à l’occasion de déplacements en voiture va l’aider à se retrouver. Mais Ledbetter, rustre touchant et ex-boxeur, va finir par tomber amoureux de la jeune femme. Conscient que la différence de classe d’une part et des projets de mariages entre Lady Franklin et un capitaine d’autre part l’empêchent de sortir avec elle (elle le repousse d’ailleurs sans ambiguïté), Ledbetter se saoulera et démolira sa voiture et son garage dans une ultime crise de désespoir. Analyste cruel des différences de classes en Angleterre, le romancier Leslie Poles Hartley n’a été adapté que deux fois au cinéma mais, excusez du peu, cela a donné deux Palmes d’or : la première pour Le Messager en 1971, la seconde pour La Méprise en 1973 ! Toutefois, si Le Messager est resté comme un classique absolu dans l’histoire du cinéma, La Méprise est tombé dans l’oubli. Oubli injuste mais que l’on peut comprendre : si le film de Joseph Losey est aussi sombre que celui d’Alan Bridges , il a pour lui d’être fondé sur un oxymoron sublime : sombre, certes, mais dans un rayon de soleil et d’enfance. La Méprise, pour sa part, est sombre au premier degré : de la première image (un grillage sur fond hivernal) à la dernière (le chauffeur Ledbetter butant avec sa voiture dans une impasse nocturne), Bridges a fondé toute sa mise en scène sur un enfermement évident : enfermement mental de la dépression pour Lady Franklin, enfermement spatial de l’habitacle de la voiture, où une bonne partie du long métrage se déroule, enfermement social des protagonistes, chacun étant incapable de franchir la cloison entre les classes, enfermement « saisonnier » enfin, puisque tout le récit se déroule dans la froideur et l’humidité de l’hiver.
Consultez le site de Carolles Animations
Consultez le site de Carolles Animations